The Jewish  Perdesi Synagouge Cochin - India

LES JUIFS DU KERALA

Compilé par Mme Bénedicta Pereira

Les exilés espagnols et portugais arrivèrent après l’Inquisition, d’autres débarquèrent après avoir fui les persécutions au Moyen-Orient. En 1560 les Portugais instituèrent un tribunal de l’Inquisition à Goa, ville située à mi-chemin entre Bombay et Cochin. D’autres Juifs recherchèrent alors la protection de Cheraman Parumal, le Raja de Cochin, qui fut bientôt surnommé le « Roi des Juifs » par les autorités portugaises.

Il existe peu d’endroits dans le monde où les Juifs peuvent prétendre avoir coexisté de façon pacifique pendant plusieurs siècles aux côtés des populations locales. Le quartier de Jew town à Cochin sur la côte Malabar (Sud de l’Inde) est l’un de ces rares endroits.

La communauté juive de Cochin existe depuis plus de mille ans. Elle a assisté aux débarquements successifs des conquérants et des marchands : les Portugais, les Hollandais puis les Britanniques. Ces étrangers, tout comme les Juifs qui étaient arrivés avant eux, furent attirés par les riches épices qui abondaient le long cette côte tropicale : la cardamome, la cannelle, mais surtout le poivre. De nos jours, la plupart des Juifs de cette région ont émigré.

L’actuel dirigeant de Jewtown, qui en est également le doyen, se nomme Samuel Hallegua. Ses aïeuls s’installèrent à Cochin en 1590 après avoir quitté l’Espagne et traversé la Syrie. La synagogue Pardesi à Jewtown est un monument vivant de l’histoire de cette communauté juive du Cochin-Kerala.

Seuls quelques dizaines de Juifs demeurent encore à Cochin, il y subsiste néanmoins un fort sentiment communautaire. Leur identité juive leur a été transmise de génération en génération par leurs ancêtres indiens. Ces Juifs indiens ne ressentent aucune contradiction entre leur fierté d’être à la fois juifs et indiens.

Certains historiens affirment que lorsque les premiers colons juifs s’installèrent en Inde il y a presque 1500 ans, un maharaja local leur offrit un sanctuaire et un terrain pour qu’ils puissent y construire leur synagogue.

Les fêtes religieuses sont célébrées avec un grand enthousiasme. Il n’y a aucun rabbin à Cochin, ce sont donc les doyens qui président aux offices et les visiteurs sont autorisés à participer. Ils utilisent des livres de prière écrits à la main en hébreu ainsi qu’en malayalam, la langue locale. Par ailleurs, un nombre importants de leurs chants religieux sont typiques des Juifs de Cochin.

Il existe trois communautés juives distinctes en Inde. 1. les Bene Israël, 2. les Juifs de Cochin, 3. les Juifs blancs d’Europe. Chaque groupe pratiquait des rites importants du judaïsme et leurs synagogues étaient très fréquentées.

Les rites séfarades étaient prédominants chez les Juifs d’Inde. Les Bene Israël les plus influents étaient ceux de Bombay, Calcutta, Delhi et Ahmedabad. La langue parlée par les Bene Israël était le marathi, alors que les Juifs de Cochin parlaient le malayalam.

Les première traces de présence juive en Inde remontent au début du 11ème siècle. Les premiers Juifs de Cochin étaient également appelés les « Juifs noirs ». Ils parlaient le malayalam et suivaient certaines traditions juives telles que la consommation de nourriture cacher, les mariages religieux et la pratique du Sabbat.

Les « Juifs blancs » arrivèrent plus tard en Inde. Ils venaient de certains pays d’Europe de l’Ouest comme l’Espagne, le Portugal et la Hollande.

Les Juifs de Cochin seraient arrivés à Cranganore (côte sud-ouest de l’Inde) après la destruction de leur Temple en 70 ce.

Les Juifs indiens étaient à l’apogée de leur population et de leur richesse pendant la période l’Empire britannique. La communauté juive de Calcutta continua à croître, à prospérer et à commercer dans toutes les villes d’Extrême-Orient et dans le reste du monde. A l’époque, les Indiens étaient particulièrement tolérants et les Juifs de Calcutta se sentaient véritablement chez eux. Ils étaient plus de 50,000 pendant la deuxième guerre mondiale lorsque des réfugiés qui fuyaient l’invasion japonaise en Birmanie vinrent grossir leurs rangs.

Les premières générations de Juifs de Calcutta parlaient le judéo-arabe en famille mais à partir des années 1890, ceux-ci adoptèrent l’anglais. Après la deuxième guerre mondiale, l’Inde fut emportée par un fort courant nationaliste, ce qui plaçait les Juifs dans une position inconfortable car les Indiens les associaient alors aux Anglais.

Bien que la présence des Juifs au Kerala n’ait jamais suscité de réactions franchement hostiles de la part des autochtones, ceux-ci durent néanmoins s’adapter à la culture locale : alimentation riche en épices à Cochin, habits traditionnels, etc. Même certaines coutumes religieuses propres à l’hindouisme furent adoptées par les Juifs. Par peur des persécutions et des souffrances jadis subies en Espagne et au Portugal, les familles juives qui vivaient parmi les populations indiennes adoptèrent des pratiques cultuelles identiques à celles des Hindous ou des Chrétiens afin de pas être rejetées par ces derniers. Par exemple, les Juifs utilisent des pots d’argile remplis d’huile d’olive ou de noix de coco pour allumer les bougies du Sabbat et ôtent les chaussures lorsqu’ils prient à la synagogue ou chez eux. Les femmes, quant à elles, recouvrent leur tête avec l’extrémité de leur sari (costume traditionnel indien).

Les disparités entre les diverses communautés juives s’estompèrent après 1948, lorsque la plupart furent contraints d’émigrer. Encore aujourd’hui, plupart des mariages juifs sont arrangés, les couples mariés et leurs enfants vivent avec les parents du mari, et les femmes juives portent un « bindi » (cette fameuse tache au milieu du front qui signifiait autrefois que la femme était mariée mais qui a été réduit aujourd’hui à un simple artifice de mode).